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23 juillet 2012 1 23 /07 /juillet /2012 09:56
 

Accidents, fraude, catastrophes ou scandales... les entreprises vivent dangereusement.

 

Mais aujourd'hui, la dimension humaine des risques a pris de l'ampleur. Et si les accidents du travail en France ont fait 668.619 victimes en 2010, de nombreux autres dangers concernant les salariés peuvent faire basculer une société. Avec un cortège de conséquences légales, financières ou concurrentielles. « Le risque ne s'arrête pas à la porte de Saint-Ouen. Un tremblement de terre à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, a des conséquences à Paris. Avec la rapidité de l'information, nos salariés, nos clients et nos agences sont en inter-dépendance », estime Christophe Le Bars, DRH d'Europcar.

 

De quoi donner la migraine aux DRH. Surtout dans les sociétés cotées, où la loi rend, depuis 2008, le suivi des risques obligatoire. « Les entreprises ont beaucoup progressé dans la maîtrise de certains risques. En 1975, le nombre d'accidents du travail était de plus de 1,1 million ! » tempère Jean-Christophe Sciberras, DRH du chimiste Rhodia et président de l'Association nationale des DRH (ANDRH). Mais d'autres risques, comme le risque médiatique lors d'un conflit social, ont explosé. »

 

Les raisons de faire appel au législateur sont légion. « Dans le sillage de la loi Warsmann de 2012, les salariés peuvent se retourner contre leur employeur pour être partis trop tôt sans bénéficier d'une retraite à taux plein », souligne Philippe Carré, responsable de formation RH chez Siaci Saint-Honoré. « Le curseur a changé. Ce qui était jugé acceptable aux yeux de la société par le passé ne l'est plus », renchérit Alain Giraud, directeur de la prévention de Randstad France, qui emploie 4.000 permanents et 85.000 intérimaires.

Or si les employeurs sont rodés à mesurer les risques matériels, ils peinent à appréhender des dangers humains, plus diffus, transverses et complexes à détecter.

Leur impact financier étant difficile à chiffrer, ils sont parfois minorés. Pourtant, comment penser que le dénigrement d'une SSII sur Facebook ne démotivera pas ses troupes ou de futures recrues ? De même, avoir été accusé d'espionner des employés laissera sans doute des traces chez Ikea. Quid du distributeur Lidl, dont deux dirigeants régionaux ont été placés, en 2011, sous contrôle judiciaire pour discrimination à l'embauche ?

Prise de conscience

Prévenir, c'est guérir. Reste que les DRH n'ont pas toujours conscience de tels dangers. A en croire une étude menée par l'Amrae (Association pour le management des risques et des assurances de l'entreprise), les premières zones de risque, aux yeux des DRH, sont les pratiques managériales, le dialogue social, la pénibilité et les risques psychosociaux, mais ils ne sont pas toujours bien appréhendés. Les risques de réputation ou liés aux réseaux sociaux sont moins cités.

« Les risques ont trois piliers, estime Alain Giraud, dont l'entreprise a offert 8.000 diagnostics de sensibilisation aux risques à des clients dans le cadre de sa Semaine de la sécurité. La dimension technique est réglementée. La partie organisationnelle se met en oeuvre dans les grands groupes. Mais sur la dimension humaine, il faut une prise de conscience. Il faut créer un électrochoc comportemental, notamment dans les PME. »

Face à l'avalanche de dangers, impossible de créer un rempart unique. « Il est essentiel d'avoir une appréhension globale, d'éviter une vision en silo, où chaque département intervient dans son coin, car aujourd'hui, il y a beaucoup de liens entre les risques. Face au risque médiatique, par exemple, il serait préjudiciable que les DRH gèrent seuls les syndicats sans collaborer avec la communication en charge des médias », poursuit JeanChristophe Sciberras.

Certaines sociétés ont pris les devants. A l'instar de Randstad, de Publicis ou d'Europcar qui ont formé des comités de prévention où travaillent de concert le « risk manager » et les dirigeants métiers (DRH, juridique, marketing...). Leur objet ? Traquer les risques et les prévenir. Mais seuls 8 % des DRH sondés par l'Amrae font état de coopérations transversales.

Toutefois, « le risque n'est pas uniquement négatif, commente Denis Stainier, directeur général du cabinet-conseil Mercer France. C'est aussi une source de création de valeur selon la manière dont les entreprises choisissent de le prendre. Ce sont ces prises de risque qui lui permettent aussi d'innover et de grandir. »

LAURANCE N'KAOUA, Les Echos
Écrit par Laurance N'KAOUA
Journaliste
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